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Clément Tissières, stagiaire MP-E, et le temps de travail des enseignants

Comment aménager son temps de travail en tant qu’enseignant du secondaire afin d’être le plus efficient possible? C’est à cette question que Clément Tissières, effectuant son année de stage MP-E (maturité professionnelle économie) au cycle d’orientation d’Octodure à Martigny dans le cadre de sa formation commerciale à l’ECCG de Sierre, a tenté de répondre dans son travail interdisciplinaire centré sur un projet. 

 

Clément Tissières


Au niveau de la démarche, il a vu les choses en grand, avec un questionnaire diffusé à plus de 250 enseignants et auquel une centaine ont répondu ainsi qu’un groupe focus composé de 4 enseignants (deux enseignantes, l’une du CO d’Anniviers et l’autre de l’ECCG de Sierre, et deux enseignants, l’un du CO de Martigny et l’autre du Lycée-Collège de l’Abbaye à Saint-Maurice). Ces enseignants du secondaire I et II ont été réunis pour échanger de manière plus approfondie sur la thématique et ont testé chacun l’une des deux solutions retenues pour une meilleure gestion du temps de travail.

Après avoir été élève dans les petits degrés à Grimentz, puis au centre scolaire d’Anniviers à Vissoie jusqu’à la fin du CO, Clément Tissières a décidé de suivre la filière commerciale bilingue à Sierre, privilégiant la voie d’un CFC doublé d’une maturité professionnelle. Ayant dans ses rêves pour son avenir professionnel celui d’enseigner, il s’est dit que ce serait bien d’aller voir l’envers du décor dans un secrétariat d’école et c’est ainsi qu’il a trouvé sa place de stage au CO d’Octodure. A la rentrée, il envisage de faire la passerelle Dubs à Lausanne sur six mois, puis d’effectuer des études de sciences politiques à l’Université de Fribourg, tout en se formant pour devenir enseignant au secondaire.



resonances travail enquete clement

INTERVIEW

Pour votre travail de maturité, comment avez-vous retenu la thématique de l’efficience du temps de travail des enseignants au secondaire?
Très vite, je me suis orienté vers ce thème, sachant que la dimension économique est peu abordée dans les écoles. On entend souvent dire que c’est un métier facile, avec de longues vacances, alors que les enseignants s’investissent beaucoup et que ce sujet méritait d’être creusé sous l’angle de la gestion du temps de travail.

Travailler au sein d’un secrétariat en tant que stagiaire MP-E vous a-t-il donné un regard différent sur le métier d’enseignant?
Forcément, puisque je côtoie des enseignants dans leur contexte professionnel et que je mange tous les jours avec certains d’entre eux dans la salle des maîtres. Je perçois mieux le côté passionnant du métier, mais aussi certaines difficultés rencontrées au quotidien.

A chaque étape, vous n’avez pas choisi l’option minimaliste. Qu’est-ce qui vous a animé?
Ce qui m’a motivé, c’était de me dire que j’allais apporter aux enseignants quelques briques d’une fondation à construire en me donnant vraiment les moyens de répondre à la question posée dans mon travail. Je voulais que ce soit un outil, non seulement pour les 87 enseignants du CO d’Octodure, mais aussi pour tous les autres, et pas un travail de maturité joliment relié qui reste dans une armoire après la défense orale. Dès le départ, j’ai pensé au partage, ce qui m’a mis une pression énorme et c’est pourquoi je me suis investi à 200%, sans compter les heures et en osant sortir du cadre.

Au niveau de la méthode, pourquoi avez-vous choisi de compléter le questionnaire par un travail plus spécifique mené avec quatre enseignants?
Pour moi, c’est une sorte d’entonnoir. Je suis quelqu’un qui a 15000 idées différentes et qui doit toujours se recentrer. Grâce à mon questionnaire volontairement très général, j’ai pu déterminer les points essentiels à aborder. A partir de là, c’est le travail avec les quatre enseignants qui m’a permis d’avoir des réponses à ma question de départ.

Avez-vous bénéficié du regard d’enseignants pour préparer votre questionnaire?
De A à Z, j’ai effectué ce travail en collaborant avec des enseignants et pas seulement les quatre qui ont participé sur la durée, car mon objectif était de partir de leurs besoins en allant à leur contact.

Partant de la notion de productivité inhérente aux entreprises commerciales, vous êtes arrivé à celle d’efficience…
Oui, parce que dans le contexte de l’enseignement, c’est ce terme que les enseignants ont majoritairement choisi en répondant à l’une des questions.



«De A à Z, j’ai effectué ce travail en collaborant avec des enseignants.»
Clément Tissières

Votre travail aurait pu se limiter à des enseignants du CO de Martigny ou de l’ECCG de Sierre pour vous simplifier la tâche, non?
Oui, mais cela aurait été trop simple et n’aurait pas satisfait ma curiosité. Je souhaitais effectuer un travail mesurable avec un état des lieux initial et pour ce faire j’avais besoin d’avoir l’avis de plusieurs enseignants, à la fois du secondaire I et II, avec des profils très différents au niveau de leur caractère et de la manière d’organiser leur travail. Je constate que les quatre enseignants se sont beaucoup impliqués, probablement parce qu’ils me connaissaient. Lors de la première rencontre autour du «flip chart» à Sierre, j’ai été ravi de voir que le courant est tout de suite bien passé entre eux.

Deux enseignants ont choisi de tester la méthode «safe place» et les deux autres celle des «horaires de travail». Que peut-on en conclure?
Que ce sont des pistes possibles pour améliorer l’efficience des enseignants et mieux séparer travail et vie privée. Ces deux solutions ont émergé lors des discussions et c’est de là qu’est venue l’idée qu’ils les expérimentent pour apporter leurs commentaires.

Votre travail de terrain a-t-il eu un impact sur votre propre organisation de travail?
Oui, en apprenant à laisser mon ordinateur au bureau, sans toujours vouloir continuer à la maison. Pour être efficient au travail, il est essentiel de savoir préserver du temps pour sa vie privée.

Vous avez eu l’audace d’envoyer un message à Résonances pour partager votre travail, pourquoi?
Déjà parce que j’adore l’audace. En préparant ma défense orale, des enseignants m’ont dit que Julian Corminboeuf avait parlé des coulisses de l’enseignement dans la revue, aussi j’ai trouvé que ça complétait bien mon travail, ce qui correspondait aux critères d’évaluation. Ensuite, je me suis dit pourquoi ne pas contacter la rédaction. Au pire, je n’aurais pas eu de réponse, mais non…

 

Propos recueillis par Nadia Revaz


Commentaire de Julian Corminboeuf, enseignant au CO de Martigny

«Avec son travail, Clément Tissières a cherché des pistes pour aider les enseignants à souffler tout en augmentant notre efficience et l’idée est excellente. Après son questionnaire, pour approfondir la réflexion, il a sélectionné deux hommes et deux femmes, deux du secondaire I et deux du secondaire II, deux expérimentés et deux encore débutants, de quatre écoles différentes. La confrontation des points de vue a été riche et stimulante. Pour ma part, j’ai testé la même solution que l’enseignante du CO d’Anniviers et nous avions à peu près les mêmes constats. J’ai pu mesurer qu’en étant mieux organisé, je suis plus efficient, tout en travaillant moins en nombre d’heures. Clément m’a aidé à mettre des limites dans ce métier qui souvent n’en a pas.»


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 Travail de Clémence Tissières


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