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Retour sur la fête de la Bataille des Livres à Sion

Les 2 et 3 juin derniers, la fête de la Bataille des Livres (BdL) a réuni 20 classes à Sion. Chacune d’elles, venue de l’un ou l’autre coin du Valais romand, a vécu sa journée en participant en divers lieux à plusieurs ateliers sur le thème de la tolérance face à la différence.

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Avec Michèle Poget, l'animatrice de l'atelier malvoyance
 

Quand on évoque la Bataille des Livres, cette belle initiative genevoise qui s’est développée au niveau suisse et international pour promouvoir la lecture auprès des enfants entre 8 et 12 ans, on pense d’abord aux rencontres avec des auteurs ou des illustrateurs francophones, à la sélection de 30 livres pour chacune des 4 séries, ou au livre voyageur, cependant la fête annuelle, même si elle ne réunit qu’une partie des classes ayant participé à la BdL durant l’année scolaire, est aussi un moment important, convivial et fédérateur.

«En Valais, nous avons choisi de relier la fête annuelle de la Bataille des Livres avec un thème abordé dans plusieurs livres sélectionnés et lus par une partie des élèves, dès lors les ateliers sont certes ludiques, mais ils ont aussi une visée pédagogique», souligne Zita Bitschnau, enseignante à la retraite et coordinatrice de la BdL au niveau cantonal. Et elle ajoute: «Les élèves devaient par exemple mimer des titres de livres dans lesquels il était question de handicap, de différence et de tolérance.»

 
BdL ateliers malvoyants2
 
Le braille tout en concentration
 

Lors de cette édition de la fête de la BdL, les classes ont évolué d’atelier en atelier dans un périmètre compris entre l’aula du Lycée-Collège de la Planta, l’école des Collines et le centre scolaire de Gravelone. L’air de rien, ils se sont familiarisés avec les difficultés rencontrées par des personnes malvoyantes, malentendantes, avec un handicap divers (mental ou physique) ou issues de la migration et en difficulté d’intégration, car parlant une autre langue. Si certaines activités étaient directement reliées à la compréhension ou à la production linguistique, avec entre autres la découverte de contes mêlant arabe et français ou une initiation à l’alphabet braille, d’autres favorisaient le mouvement et le plaisir de jouer et c’est cette alternance qui semblait motiver les élèves à s’investir avec enthousiasme et énergie. Le fil rouge s’est construit autour de L’ami Zarbi, livre écrit par Christian Grenier et illustré par Loïc Guyon et qui raconte les aventures de Zarbi l’extraterrestre.

«Les ateliers sont certes ludiques, mais ils ont aussi une visée pédagogique.»
Zita Bitschnau

Pour les élèves, les ateliers, organisés en ville de Sion, c’est vraiment autre chose que l’école au quotidien, et cela leur plaît. Quant aux enseignants, ils apprécient également cette parenthèse. Ainsi que le note Patricia Pistorius Albasini, enseignante à Vercorin, c’est une journée agréable et complémentaire à la venue d’un auteur ou d’un illustrateur en classe, autre moment fort de l’année BdL. En mars dernier, ses élèves ont eu l’occasion de dialoguer avec Cécile Chartre, bibliothécaire spécialisée jeunesse ayant publié plusieurs romans. «Participer à la BdL est toujours intéressant, car les différentes activités proposées donnent du sens à la lecture», commente l’enseignante. Elle poursuit: «Si la rencontre avec un auteur permet de mêler de l’émotion à la lecture, la fête offre une bouffée de liberté dont les enfants ont bien besoin.» «Grâce à la BdL, on a pu lire de nombreux livres et les profs nous ont lu des passages de L’ami Zarbi», raconte une élève de sa classe. «Et tous ensemble on a lu plusieurs livres avant de recevoir celle qui les a écrits», complète une autre voix. «Là, les yeux bandés, j’essaie de reproduire une construction en Lego et ce n’est pas facile», observe un élève pendant l’atelier pour mieux comprendre la malvoyance. Un autre se dit épaté par l’alphabet braille. Michèle Poget, enseignante spécialisée à la retraite et malvoyante, était heureuse de sensibiliser les élèves aux livres écrits en braille ou adaptés pour les malvoyants, à ses astuces pour écrire, pour jouer au Uno avec des marques supplémentaires sur les cartes, etc. «Certains enfants sont vraiment curieux des différences et les enseignants trouvent bien que leurs élèves puissent expérimenter certaines d’entre elles avec les lunettes de simulation masquant la vision centrale, donnant une vision totalement floue ou tubulaire, ce qui leur permet de comprendre qu’il n’y a pas une seule forme de malvoyance», relève-t-elle.

 
BdL ateliers malvoyants3
Avec leur enseignante Patricia Pistorius Albasini
 

A l’école, les élèves avaient bien évidemment lu certains des livres évoquant la différence face à la tolérance, mais en guise de préparation à la fête ils avaient de plus tous appris la chanson Savoir aimer chantée par Florent Pagny, accompagnant les mots avec la version en langue des signes. Lors de ce temps collectif final, des citations autour du handicap, de la différence et de la tolérance étaient projetées à l’écran et «Zarbi» était là. En arrivant dans la salle, les élèves ont collé des Post-it® sur un arbre figuratif pour indiquer ce qu’ils avaient appris lors de cette journée. En vrac, quelques mots: respect, unique, confiance, partage et aide. Les quelques minutes de la chanson réunissant 10 classes à l’unisson étaient particulièrement émouvantes. A la fin de ce temps en commun, avant de repartir chez eux, les élèves ont applaudi de façon non sonore.

Nadia Revaz

 

La BdL 2021-2022 en cinq extraits de livres
autour de la différence et de la tolérance

L mere etoile     

«Les autres ont  des choses à nous apprendre si on sait les regarder.»

L Lisa et Nouh

«C’est triste de n’aimer que les gens qui vous ressemblent, on doit tourner en rond.»    

L devenir vraie sorciere 

«Tu ne peux pas être comme les autres.  Je t’aime comme tu es, ma chérie.»

L arbragan

«Quand on n’est pas pareil ou qu’on est original, ça fait rire les gens ou pire ça les dérange.»

L Maryam

«Maryam voudrait que sa mère lui parle la langue de l’école. Elle ne veut pas être différente des autres.»