Skip to main content

L’école de la différence chantée à l’unisson à Riddes

Les élèves de l’école primaire de Riddes ont mené un projet de centre visant à favoriser le vivre ensemble, avec un clip vidéo intitulé L’école de la différence.  

 

 Chaque double degré, de la 1-2H à la 7-8H, a contribué à un couplet écrit, à partir – selon l’âge des enfants – de leurs idées, de leurs phrases ou de leurs vers et certains ont également participé à la composition de la mélodie. Ils ont ensuite mémorisé la chanson et la chorégraphie. 

Pour les couplets, les 1-2H se sont concentrés sur les différences physiques, les 3-4H ont listé les différents intervenants dans leur école, les 5-6H abordé les diverses nationalités et langues, et les 7-8H évoqué les situations de handicap, les troubles dys ou d’hyperactivité. Pendant quelques semaines, le centre scolaire de Riddes a pris des allures de studio d’enregistrement et de plateau de cinéma. Le point culminant fut le moment où, filmés du ciel, les élèves se sont placés pour former le symbole «Peace».

«J’avais envie de sensibiliser les élèves à la différence
d’une autre manière.»
Martine Narbel

Peace riddes

Rencontre avec neuf élèves, puis avec plusieurs enseignants, ainsi qu’avec Martine Narbel, enseignante spécialisée et coordinatrice du projet, et Johan Epiney, directeur des écoles primaires de Riddes, Isérables et Saillon, et «facilitateur des démarches» selon ses propres termes. Lors de la discussion, les enfants ont à l’unisson insisté sur la dimension globale de ce projet à l’échelle de l’école et non d’une classe ou d’un degré, c’est pourquoi leurs prénoms et visages photographiés se sont effacés. Les enseignantes parlent aussi d’une seule voix.

A l’origine de ce clip vidéo, il y avait un souhait. «En tant qu’enseignante spécialisée, j’avais envie de sensibiliser les élèves à la différence d’une autre manière, même si au début je n’imaginais pas un projet d’une telle envergure», explique Martine Narbel. Ce qui l’a motivée, c’est de pouvoir impliquer tous les élèves et pas seulement ceux des classes où elle intervient. «Au départ, ce devait être juste une chanson sur la différence», commente en souriant Johan Epiney. 

«Parmi les forces du projet, outre son aspect fédérateur,
c’est celui de la thématique abordée que je retiens

Johan Epiney

Les enfants, qui au moment de l’entretien n’avaient toujours pas eu le droit de voir le clip vidéo, ont raconté avec plaisir leurs souvenirs de préparation et de tournage. «C’est un drone qui nous filmait», lance une élève. «On avait des cartons blancs ou noirs avec nos mains dessus et le tout dessinait le sigle de la paix», ajoute un autre écolier. «Quand j’ai vu la démonstration de la chorégraphie faite par les enseignants, je me suis dit qu’on n’y arriverait jamais, mais en se concentrant sur soi et non pas sur les autres on a réussi», dit un élève impressionné par la performance de l’ensemble. Il est vrai que 270 élèves, cela donne de la puissance sonore et visuelle. «Devoir répéter, c’était au final motivant»: ce propos d’une élève est validé par toutes et tous. Pour plusieurs enfants, travailler sur les rimes n’avait rien à voir avec un cours de français, car il y avait la musique pour les entraîner. Parmi les bémols, quelques élèves citent le fait d’avoir eu à apprendre la chanson par cœur, contenant des mots compliqués comme HP, TDA ou TSA, et tous précisent avoir dû attendre dehors dans le froid. Malgré les conditions météo de février dernier, la balance de leurs impressions penchait très nettement dans le sens du positif. Parmi leurs enthousiasmes, citons: «Pour une fois, on était toute l’école ensemble»; «On était aussi beaucoup dehors»; «On a pu découvrir le matériel utilisé par les professionnels du son et de l’image»; «On a souvent ri lors des enregistrements et du tournage». Qu’ont-ils appris à travers ce projet? «A respecter les différences, car même si personne n’est pareil, nous sommes tous importants», dit un élève. Une autre met l’accent sur les différences les moins visibles: «Savoir qu’un ami dyslexique a un cerveau qui fonctionne juste autrement modifie le regard qu’on peut avoir sur ses difficultés.» A travers cette aventure, les élèves n’ont par ailleurs plus tout à fait la même image de leurs enseignants. Plusieurs avouent avoir été épatés par les talents en chant et en danse de certains d’entre eux.

riddes projet enseignants

 Quelques enseignants ayant participé à la discussion avec leur directeur Johan Epiney,
la coordinatrice du projet Martine Narbel à droite, et à gauche Kim Narbel, étudiante ayant assuré la réalisation du clip

Les enseignantes interviewées sont aussi très heureuses d’avoir accompagné la démarche et bluffées par l’investissement de leurs élèves et le rendu final, même si elles aussi ne connaissaient alors que les dessous de la création du clip vidéo sans l’avoir visionné. «Chaque étape, de l’écriture à l’enregistrement et au tournage, en passant par l’apprentissage des paroles, de la mélodie et de la chorégraphie, était vraiment riche», note l’une d’elles. Une enseignante mentionne avoir apprécié de découvrir ses élèves sous un autre angle que scolaire. «C’était trop chou d’entendre les enfants de tous les degrés chanter ensemble la chanson dans le car lors des sorties de ski», poursuit une autre. «Parmi les forces du projet, outre son aspect fédérateur, c’est celui de la thématique abordée que je retiens et j’espère que cette sensibilisation des élèves au respect de la différence d’une façon créative aura des effets durables», relève Johan Epiney. Il ajoute que cette initiative n’aurait pas pu aboutir à un tel résultat, sans l’aide de bénévoles, dont la fille de Kim Narbel ou des parents d’élèves. Sur le plan de ce qui fut le plus difficile, le directeur de l’école et la coordonnatrice du projet s’accordent à dire que le casse-tête a consisté à trouver des dates pour les enregistrements et le tournage, et le Covid a compliqué la donne, toutefois le bonheur d’être ensemble autour d’activités communes l’a vite emporté.

Tolérance, bienveillance, harmonie, le tout s’est agencé comme dans une symphonie. Le directeur n’est pas dupe: il n’imagine pas qu’une chanson suffise pour que le vivre ensemble devienne une évidence au quotidien. Cependant, même sans effet magique, ce petit air et ces paroles qui reviennent en mémoire, cela peut aider à poser un regard plus doux sur les autres. Vous avez 6 minutes à disposition, alors visionnez le clip vidéo, pourquoi pas en classe avec vos élèves… 

Propos recueillis par Nadia Revaz


Lien vers le clip vidéo



 

Le refrain de la chanson

Et au fond, quand on y pense
Peu importent nos différences
Elles font notre immense richesse
C’est une grande et belle promesse 

On apprend la tolérance
Et aussi la bienveillance
Dans notre école à nous
Ouh ouh
Car nous sommes toi et moi
Uniques, pareils à la fois
C’est notre école à nous
Ouh ouh ouh ouh ouh