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Utiliser et enseigner la pensée divergente en EN/EF

Il est admis par plusieurs auteurs que l’alimentation est un objet complexe (Fischler, 1993) (Bricas et al, 2021) (Fardet, 2021). Une des représentations les plus répandues est que s’alimenter ne se réduit pas à manger des nutriments, puisque se nourrir c’est aussi partager et se réjouir (Poulain, 2017). Partant de ce constat, il peut sembler difficile de sélectionner ce qui est à apprendre en EN/EF, puisque finalement tellement de sujets sont pertinents à traiter. La complexité s’exprime alors à deux niveaux: dans la sélection du savoir et dans la construction d’un enseignement qui permet aux élèves d’apprendre dans la complexité. C’est sur ce deuxième point que l’article va se focaliser.

L’identité, la force de l’EN/EF est de mettre l’élève en situation d’agir. Concrètement, une piste pour permettre à ce dernier d’agir aussi dans l’élaboration du contenu du cours est le brainstorming. En organisant cette activité pour que chaque élève puisse s’exprimer (passer par l’écrit plutôt que l’oral, écrire un mot et passer au voisin pour enrichir les idées), c’est favoriser la pensée divergente à savoir la multiplication des possibles. C’est ainsi qu’une gourmandise, réduite initialement à quelque chose de sucré, devient «une préparation sucrée et/ou salée, de petite portion, soignée, mettant en valeur les aliments grâce aux couleurs, au volume, aux textures et procurant une émotion forte».

Travailler la divergence à partir d’un Rubik’s Cube

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Faire de l’analogie entre les idées qui ont émergées du rubik’s cub et la thématique de travail

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Un dé géant pour choisir ses protéines (de Ludivine et Katia)

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Un jeu en période apocalyptique (d’Arnaud et Léo)

Travailler la pensée divergente s’applique aussi à l’enseignante et l’enseignant. Nous sommes parfois en manque d’idée. Pour les débloquer et dépasser nos représentations, il existe une technique: utiliser la pensée analogique. De façon très succincte, il s’agit d’utiliser un objet médiateur qui n’a aucun lien avec notre thématique pour ensuite adapter les idées, qui en ont émergé, à notre thématique. C’est ainsi qu’un groupe d’enseignantes et d’enseignants, pour traiter de la consommation raisonnée de viande, ont abouti à l’idée de:
- créer un trompe-l’œil végétal-animal avec leurs élèves,
- d’élaborer un dé géant pour concevoir un menu à base de protéines,
- d’élaborer un jeu en période apocalyptique où les animaux ont presque disparu.

Dans les deux cas, il est question pour l’enseignante et l’enseignant de renoncer à tout maîtriser, d’accepter d’avancer «à vue» et de faire confiance aux élèves, aux collègues et au temps.

Vous êtes intéressées et intéressés pour explorer la divergence d’idées, l’animation, soutenue par le Lab C.I.T.É., vous accompagne avec plaisir!

Laëtitia Carrera
Animation pédagogique en Economie Familiale/Education Nutritionnelle


Références bibliographiques

Bricas, N., Conaré, D, & Walser, M. (2021). Une écologie de l’alimentation. Edition Quae.

Fardet, A. (2021). Pourquoi tout compliquer? Bien manger est si simple. Paris, Thierry Souccar. 

Fischler, C. (1993). L’homnivore. Le goût, la cuisine et le corps. Paris, Edition Odile Jacob. 

Poulain, J.-P. (2017). Sociologies de l’alimentation : les mangeurs et l’espace social alimentaire. Paris, France : PUF. 


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