Le Tour des Muverans vu à travers la plume des élèves du CO de Saint-Maurice
Le Tour des Muverans: une tradition du CO de la Tuilerie
Le Tour des Muverans, c’est le grand camp scolaire annuel du CO de la Tuilerie à Saint-Maurice, devenu une véritable institution. Chaque année, grâce à l’impulsion d’Alain Grandjean, directeur, toutes les classes de première année du cycle partent au mois de septembre pour une semaine d’aventures en montagne. Au programme: de la marche chaque jour, des nuits en cabane, des jeux, de la bonne humeur et beaucoup de rigolades.
Depuis 22 ans, ce camp existe grâce à son fondateur, Bertrand Savioz, qui n’a jamais manqué une édition. Trois organisateurs se sont succédé au fil du temps: Bertrand Savioz, Xavier Gastaldi, et Emmanuel Allaz. Tous trois ont permis aux élèves de vivre une expérience unique: un mode de vie sans téléphone, sans écrans, une véritable reconnexion à la nature et une occasion privilégiée de découvrir nos montagnes autrement.
Chaque classe parcourt une section du massif, ce qui permet au final d’avoir une vision globale et variée du Tour des Muverans. L’itinéraire mène les classes de Saint-Maurice à Ovronnaz, où tous les groupes se retrouvent pour partager un dernier moment convivial, notamment en profitant des bains d’Ovronnaz.
Le CO adresse un chaleureux merci aux cabanes et refuges partenaires: Derborence, Anzeindaz, Pont de Nant, Tourche, Demècre, Lui d’Août, Sorniot, Scex-Carro, Fenestral, La Vare, Dorbon et Rambert. Un grand merci également aux accompagnateurs externes!
Enfin, merci aux élèves volontaires qui se sont engagés dans la rédaction de cet article: Gabriela Pinto Rodrigues (9CO1), Guillaume Lovey (9CO2), Mathilde Caserio (9CO2), Thomas Esteves (9CO3), Awen Mader (9CO3), Kim Dall’Agnolo (9CO4), Eleonore Parchet (9CO5), Enzo Marliot (9CO6), Amandine Ançay (9CO7) et Alice Gex (9CO8).

Interview de Bertrand Savioz, fondateur du tour des Muverans
Depuis combien de temps le tour des Muverans existe-t-il?
Le premier a eu lieu en 1997 à Gland. Lorsque je suis arrivé en Valais en 2002, j’ai pris une année pour que tout le monde soit d’accord. C’était la 22e édition à Saint-Maurice et j’en avais fait 6 auparavant dans le canton de Vaud. Donc 28 en tout!
Combien d’élèves et d’accompagnateurs partent chaque année?
Chaque année, toutes les classes de la première année du cycle d’orientation participent à cette expédition. Cette année, il y avait 8 classes, cela représente environ 160 élèves et chaque classe est accompagnée de trois personnes: des enseignants volontaires et des accompagnants externes, principalement des guides de montagne, donc 24 accompagnateurs au total.
Comment avez-vous eu l’idée de créer le tour des Muverans?
A la base, lorsque j’étais dans le canton de Vaud, on proposait aux élèves, mais beaucoup finissaient par décliner. On s’est donc dit que nous allions les obliger. Avec un collègue, nous avons eu l’idée de créer ce camp obligatoire, volontairement assez difficile (nous marchons chaque jour de la semaine), pour que les élèves connaissent ce sentiment de satisfaction d’accomplir quelque chose dont ils ne se croyaient pas capables.
A quoi sert ce camp?
Ça sert pour le physique, mais surtout au niveau sociabilité. Cela permet aux élèves de se connaître, de créer une cohésion. Et c’est une belle opportunité pour eux de découvrir ces montagnes qui nous entourent au quotidien. Certains élèves n’ont jamais marché en montagne auparavant. Là, ils découvrent l’environnement, les cabanes rustiques, donc un autre mode de vie sans téléphone, sans wifi, sans télévision. Même si au départ cet élément leur fait peur, ils s’y accommodent facilement et sont finalement contents d’être déconnectés de cette technologie.

«Ce camp permet aux élèves de se connaître, de créer une cohésion.»
Bertrand Savioz
Avez-vous rencontré des difficultés pour créer ce camp?
En Valais, les élèves et les enseignants n’avaient pas l’habitude de partir une semaine en camp, ils ont hésité et finalement, après un vote, le oui l’a emporté haut la main. L’aventure a donc pu commencer.
Y a-t-il déjà eu des blessés?
Oui, il y a eu des chevilles tordues et une fois, on a dû appeler l’hélicoptère! Un élève avait emmené un couteau suisse qui est tombé dans un lac. Un autre élève est allé tremper ses pieds et a marché sur ce couteau et s’est blessé…
Quel est votre souvenir inoubliable?
Un élève est parti avec les chaussures d’une cliente de la cabane Rambert et la cliente avait une semelle compensée. Au moment où nous sommes arrivés à Ovronnaz, la dame de l’auberge leur dit «Il y a un téléphone pour vous!». On a dû tout remonter pour «rééchanger» les chaussures. Du coup, l’élève n’a pas pu aller aux bains. Et le deuxième souvenir inoubliable, c’est de voir les élèves réussir et de les voir rire.
Interview réalisée par Awen Mader (9CO3) et Mathilde Caserio (9CO2)
Interview d’Emmanuel Allaz, enseignant EPS & SHS et organisateur du Tour des Muverans
Pourquoi organiser le tour des Muverans par classe?
C'est pour des raisons d'organisation parce que c'est plus simple, les groupes sont déjà formés. Les élèves sont toujours dans la même classe pour certaines branches durant l'année, alors c'est important qu’ils aient ce moment avec la classe et pas forcément avec un meilleur ami ou des personnes avec qui ils veulent rester. C'est vraiment pour créer cet esprit de classe en début de CO.
Par qui le dessin et la couleur des T-shirts ont-ils été choisis?
C’est un travail effectué par Virginie Oreiller qui est enseignante en arts visuels, et moi-même. A la fin de la neuvième année, les élèves ont un projet en arts visuels. Ils doivent imaginer un nouveau logo pour l’année suivante. Les dessins de chaque année sont affichés dans les couloirs. Le but est donc vraiment que ça vienne des élèves.


Logo du T-shirt du Tour des Muverans 2025 et un dessin proposé pour le logo d'une prochaine année
Depuis combien de temps le tour des Muverans est mis en place?
Cela fait 21 ans que l’organisation du tour des Muverans existe. Je suis la troisième personne à m’en charger. Avant moi, il y a eu deux personnes qui s’en sont occupée et qui sont toujours dans cette école mais n’ont plus cette responsabilité.
Quelles sont vos motivations pour organiser ce camp?
Je fais beaucoup de sport en montagne et apprécie la marche, c’est donc une semaine agréable pour moi. J’aime particulièrement la cabane de la Tourche car j’y allais souvent étant enfant. Je suis heureux de pouvoir partager cela avec les élèves.

«C'est vraiment pour créer cet esprit de classe en début de CO.»
Emmanuel Allaz
Quel a été votre jour préféré dans la semaine?
Toutes les journées ont été sympas mais plus particulièrement la dernière car les élèves arrivent à destination, sont contents de se retrouver pour discuter, échanger et aller aux bains. Quant aux enseignants, ils se retrouvent autour d’un bon repas et font un peu la fête de leur côté.
Interview réalisée par Kim Dall’Agnolo (9CO4), Gabriela Pinto Rodrigues (9CO1), avec la participation d’Amandine Ançay (9CO7)
Interview de Chiara Polo, élève en 9CO
Quel parcours as-tu fait?
Ovronnaz, Fenestral, Demècre, Scex-Carro, Sornioz et Ovronnaz.
Qu’as-tu ajouté dans ton sac?
Des choses à grignoter, des habits pour la boum.
Avais-tu ton téléphone?
Non, et c’est tant mieux. Grâce à ça, j’ai une nouvelle amie.
C’était différent sans ton téléphone?
Un peu, on serait allés sur notre tél tout le temps si on l’avait eu.
Qu’est-ce qui t’a manqué?
Ma famille et mes amies.
Ton moment préféré?
La boum le jeudi soir.
Ta cabane préférée?
Sornioz.
Et la météo?
Il a fait beau!
Ton prof préféré?
Florent (un guide de montagne).
Comment as-tu occupé le temps libre?
Finir les pique-niques ou alors jouer au Kems.

Interview réalisée par Eléonore Parchet (9CO5) et Alice Gex (9CO8)
Interview de Simon Ferrin, élève en 9CO
Est-ce que tu as trouvé difficile le tour des Muverans?
A certains moments, mais en général, ça a bien été.
Dans quelles cabanes as-tu dormi?
Nous sommes allés à: Lui d’Août, Sorniot et Scex-Carro.
As-tu bien dormi?
Ça a été, mais il nous manquait des heures de sommeil.
Quelle cabane as-tu préférée et pourquoi?
Scex-Carro, car on a mangé des wraps.
As-tu vu des animaux, lesquels?
On a vu des vaches, un renard, des grenouilles, des marmottes, des chamois, des bouquetins et des aigles.
Avez-vous eu un ou plusieurs problèmes?
Il y en a eu un: une élève s’est cassé un doigt.
Qu’as-tu mangé dans une de ces cabanes?
A Sorniot, on a mangé des lasagnes.
Comment as-tu trouvé la boum du dernier soir?
C’était inoubliable, j’ai adoré.
Comment as-tu trouvé la semaine sans téléphone?
Assez difficile, mais ce n’était pas horrible.
As-tu appris à mieux connaître tes camarades?
Non, car je les connaissais assez bien.
Qu’as-tu appris pendant ce séjour à la montagne?
Qu’on ne pouvait pas mettre le papier toilette dans les WC en très haute altitude et qu’on devait mettre de la sciure.
As-tu aimé les bains d’Ovronnaz?
Oui, j’ai aimé car il y avait mes amis des autres classes.
Comment as-tu trouvé votre accompagnateur?
C’était mon prof de géo et d’histoire, donc assez horrible mais sympa.
Interview réalisée par Guillaume Lovey (9CO2) et Thomas Esteves (9CO3)
Une enseignante raconte sa semaine inoubliable au cœur du Tour des Muverans
La semaine du 8 septembre 2025 restera sans doute longtemps dans les mémoires. A peine l’année scolaire commencée, ma classe de 9CO a pris de la hauteur – au sens propre comme au figuré – en partant pour une semaine de camp dans les montagnes valaisannes, sur le tracé du célèbre Tour des Muverans. Pour beaucoup d’élèves, comme pour moi, enseignante de français et titulaire du groupe, c’était une première: marcher plusieurs jours d’affilée, dormir en cabane d’altitude au-dessus de 2000 mètres, être 24h/24 avec les élèves, porter son sac à dos tout au long des étapes, se laver à l’ancienne… Un défi, mais surtout une formidable aventure humaine.
Ce départ en tout début d’année a immédiatement créé une dynamique particulière. Les élèves entrent en 9CO, année charnière du cycle, et nombreux sont ceux qui ne se connaissaient pas encore. Rien de tel que de partager l’effort, le vent frais du matin, les bavardages sur les sentiers et les soirées en cabane pour créer des liens forts. Très vite, les groupes se sont mélangés, les affinités se sont élargies, chacun a trouvé sa place dans le collectif.
Et puis – élément essentiel – la semaine s’est déroulée sans téléphone. Ce choix, parfois source d’inquiétude au départ, s’est révélé déterminant. Sans écrans, les regards se sont relevés: les élèves ont observé les paysages, commenté les sommets, cherché le nom des fleurs (et découvert les gentianes!), écouté les oiseaux, posé mille questions. L’attention à l’autre a retrouvé sa place naturelle. Le soir, pas de réseaux sociaux, mais des jeux de cartes, des discussions et même des parties d’échecs, où nous avons eu la surprise d’apprendre qu’un élève était un véritable stratège!
La randonnée n’a pas été simple pour tout le monde. Certains ont dû se dépasser, apprivoiser la fatigue, gérer l’effort. Mais chaque montée était récompensée par le paysage, la fierté, et surtout par la solidarité du groupe. A l’arrivée dans les cabanes, l’accueil chaleureux des bénévoles a joué un rôle précieux: le chocolat chaud, les repas mijotés, les rires dans le réfectoire ont fait partie du bonheur de la semaine. Sans oublier notre accompagnateur de montagne, guide expérimenté, attentif et encourageant, qui a su nous transmettre son amour du milieu alpin.
Cette expérience a été intense, joyeuse, formatrice, profondément humaine. Pour un début d’année, nous ne pouvions rêver mieux: nous revenons en classe plus soudés, plus confiants, plus conscients des ressources que chacun porte en soi.
Pour ma part, je garderai longtemps le souvenir de ces paysages, des conversations sur les sentiers, des regards éclatants de fierté au sommet… Et je serai au rendez-vous l’an prochain.
Ruth Peltier, enseignante et coordinatrice du projet d’interviews pour Résonances
