Des élèves font la pub pour une expo sur la pub
Elysa Pellegrino, stagiaire scientifique en médiation culturelle à la Médiathèque Valais de Martigny, accompagne la classe de Jérémy May, enseignant du centre scolaire voisin, lors de la visite de l’exposition «Sale% Tout doit disparaître!». Les élèves découvrent des éléments du panorama historique de la publicité valaisanne de 1860 à nos jours.
Devant l’entrée de l’espace d’exposition, Elysa Pellegrino questionne les élèves sur les différents rôles d’une Médiathèque et livre des informations sur le patrimoine audiovisuel numérisé des archives, matière première valorisée dans les expositions présentées dans ce lieu. Elle évoque aussi les affiches et journaux empruntés aux Archives cantonales basées à Sion. Les élèves commencent par une brève visite guidée, avec des zooms. Dans le premier espace, après la définition co-construite du mot «publicité», la classe se familiarise avec un mur d’annonces de journaux et un florilège d’affiches stylisées. Des élèves s’étonnent du format des journaux d’autrefois. Dans le deuxième espace, les affiches mettant en valeur des photographies marquent le passage au réalisme publicitaire. La médiatrice met en exergue le rôle du Cervin, «top-modèle des Alpes». Le troisième espace recrée une ambiance d’époque avec toute une série de marques. Quant au quatrième, il s’articule autour d’un tas de déchets pour inciter à la réflexion sur l’aspect consumériste et l’impact du gaspillage, avec des longues-vues ouvrant le champ de vision sur des photographies d’archives.
Les élèves sont ensuite répartis en trois groupes, avec des activités propres à chacun des espaces. Ils remplissent des fiches sur l’évolution de la pub par deux ou trois, visionnent des publicités muettes ou dans différentes langues ciblant les touristes et jamais diffusées en Valais, regardent des spots télévisés assis sur les transats d’une buvette et passent par le studio d’enregistrement pour faire leur propre pub. Chacun des groupes prend la pose devant le fameux fond vert des studios pour un photomontage. Les élèves ont enfin la possibilité d’envoyer une carte postale éditée par la Médiathèque.
Après la visite et une pause, au vu de leur enthousiasme communicatif, pourquoi ne pas demander aux élèves de donner envie aux enseignants-lecteurs de Résonances d’embarquer leurs classes pour visiter cette exposition? De retour à l’école, les élèves acceptent de relever le défi. Pour le cadrage, l’enseignant leur demande de lister les divers supports de communication publicitaire qui étaient au cœur de l’exposition. Les voilà partis pour créer un texte oral ou écrit ou une affiche. Ils ont environ quinze minutes pour travailler en groupe. La ruche créative s’anime et les idées fusent pour trouver des arguments pour vous convaincre. Quelques élèves peaufinent le rédactionnel, d’autres jouent avec la calligraphie, regrettant de n’avoir point le papier adapté, d’autres se demandent encore s’il ne faudrait pas trouver un slogan en anglais. Hop, ils présentent à plusieurs voix leurs productions devant la classe. «Venez à la Médiathèque de Martigny pour découvrir les anciennes pubs. Les anciennes pubs de 30 secondes étaient trop courtes pour le prix que cela coûtait. Donc les anciennes pubs duraient jusqu’à douze minutes…»: voilà l’invitation lancée par le premier groupe. La deuxième équipe a choisi d’autres arguments: «Allez à l’exposition “Sale% Tout doit disparaître!”. Vous pourrez découvrir des archives audiovisuelles et des décors très réalistes. Cela nous apprend des choses sur les anciennes pubs. Cela nous apprend aussi que les pubs polluent la Terre.» Place au troisième groupe qui a intégré une scénographie: «Allez, réveillez-vous vite. Il y a l’exposition à la Médiathèque qui vient d’ouvrir. Attends, tu veux prendre une affiche? Oh oui! … C’est trop beau! J’ai adoré cette exposition parce que le thème était bien choisi et les décors aussi. Désolée, maintenant je dois vite y retourner!» Les suivants ont opté pour une affiche avec slogan: «Les journaux font la 1 à la Médiathèque de Martigny. Incroyable, regardez cette photo…» Le dernier groupe argumente sur la nécessité d’aller dans ce lieu situé à deux pas de la gare, «parce qu’il y a souvent des expos incroyables qui peuvent rester 5 mois ou plus». Ils ajoutent: «Allez à la Médiathèque pour apprendre plein de choses que vous ne savez pas!»
Après l’exercice, les élèves livrent encore quelques impressions. Plusieurs déplorent l’augmentation du nombre de pubs sur les plateformes vidéo qu’ils ont tendance à trouver «nulles». Presque à l’unisson, ils n’en reviennent toujours pas des longues pubs scénarisées d’autrefois, même s’ils ont bien compris que le matériel était conséquent, étant sans commune mesure avec la caméra des téléphones portables, et qu’une fois que tout était prêt, il fallait rentabiliser. Cela les interpelle de constater qu’eux-mêmes trouvent les vidéos de plus de 30 secondes «stressantes». En mode digression, l’un d’eux raconte que sa maman adorait les pubs à la fin des années 90. Un autre partage cet avis, estimant que les pubs d’avant étaient nettement mieux et plus drôles. Dans la classe, il y a un élève qui parle régulièrement des pubs Ovomaltine, faisant ainsi indirectement de la pub. Pour revenir à l’exposition, ils sont plusieurs à relever que c’était intéressant de mettre en valeur les archives avec des affiches originales et des journaux d’époque. Une élève fait l’analyse suivante: «Je n’aime pas forcément les publicités, mais j’ai beaucoup aimé l’exposition, même si certaines pubs étaient “limite limite”, étant par exemple racistes.» Pour l’enseignant, c’est l’occasion de contextualiser un monde qui a évolué et d’élargir la réflexion.
Informations pratiques
Exposition visible jusqu’au 22 mars 2025
De la 5H au secondaire II général et professionnel
Gratuit
Du lundi au vendredi, de préférence en matinée de 8h30 à 12h
https://agenda.culturevalais.ch/fr/school_offer/show/177