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Différenciation en AC&M et AV à l’école primaire de Martigny

A Martigny, Anne-Laure Despont pilote depuis septembre 2020 un groupe de travail centré sur la différenciation lors des activités créatrices manuelles et des arts visuels.

L’équipe est composée de plusieurs enseignantes et pas seulement des spécialistes en AC&M et AV. Ensemble, en se réunissant environ une fois par mois, elles ont rédigé un document avec des ressources pour accompagner les enseignants dans le processus de différenciation en cas de dyspraxie, TDA/H, TSA, HPI, dyslexie, dysorthographie et dyscalculie. Ce fascicule contient également des indications très concrètes sur le matériel adapté pour compenser les différents désavantages. A noter que les ressources ergonomiques et les matériaux alternatifs pour notamment scier, tisser, broder ou modeler peuvent aider chacun, même ceux sans aucun trouble.

 

  • ACM AV Differenciation2
  • ACM AV Differenciation4
  • ACM AV Differenciation ALD1
  • ACM AV Differenciation Documen1t
  • ACM AV Differenciation Document2
  • ACM AV Differenciation Document3
  • ACM AV Differenciation Eleve Interview2
  • ACM AV Differenciation Salle
  • ACM Differenciation Aimants
  • ACM Differenciation Materiel
  • ACM_differenciation_decoupage
  • ACM AV Differenciation2
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  • ACM AV Differenciation Eleve Interview2
  • ACM AV Differenciation Salle
  • ACM Differenciation Aimants
  • ACM Differenciation Materiel
  • ACM_differenciation_decoupage

Isabelle Bétrisey, enseignante-psychologue à la HEP-VS a suivi ce projet afin d’y apporter la caution institutionnelle. Celui-ci s’inspire et complète les Mémos pratiques pour les enseignants «Ensemble on est plus fort» qui visent à gérer les difficultés des élèves à l’école ordinaire. Des chariots de compensation des désavantages (avec des ciseaux de type pince, ciseaux à ressort, ciseaux pour les gauchers, règles avec poignées, aiguilles géantes, cutters à roulette, casques antibruit, aimants, sous-mains antiglisse,etc.) ont été financés par la commune octodurienne. Danielle Salamin Muller, animatrice AC&M pour les cycles 1 et 2, Fabienne Savoini, ergothérapeute et intervenante en milieu scolaire, et Dominique Delaloye, inspectrice et présidente de la Commission de branche (COBRA Art) ont aussi joué un rôle d’appui essentiel dans cette aventure, et ce sans parler de Patrice Moret, directeur des écoles primaires de Martigny, pour son rôle de «motivateur». La démarche ayant été collective et en réseau, il est impossible de citer ici toutes les collaborations activées à chaque étape du projet.

Immersion dans un cours d’Anne-Laure Despont

Afin de comprendre un peu plus concrètement en quoi consiste cette approche de la différenciation, tentons l’immersion pendant l’un des cours donnés par Anne-Laure Despont à des 8H. Les élèves gèrent en parallèle une activité de dessin et une autre de couture.

Au moment de l’intrusion, Anne-Laure Despont donne aux élèves la consigne de dessiner un chat en fermant les yeux, afin de s’éloigner du réalisme et du «joli». Dans la salle de classe entièrement réorganisée par l’enseignante à la suite d’une rénovation et donc adaptée à ce projet intégrant la différenciation tout en visant à l’autonomie des élèves, ils développent leur créativité après avoir préalablement découvert en quoi consistait le fauvisme. Ce qui frappe, c’est le chaos créatif dans un lieu paradoxalement bien rangé, car une multitude d’objets ont leur place bien définie pour s’y retrouver. Pendant que certains élèves dessinent, d’autres repassent.

Soudain, Anne-Laure Despont interrompt les élèves pour indiquer la suite de la consigne pour les dessins, les invitant à utiliser des Neocolor® non aquarellés comme ils l’ont déjà fait régulièrement dans les degrés précédents. «Aujourd’hui, ce qui est recherché, c’est la folie du mouvement et l’audace dans la façon de déposer les couleurs en jouant avec les contrastes, car il s’agit de faire du fauvisme expressif», précise l’enseignante. Elle montre au groupe la mine d’un chat plutôt sympa dessiné par un élève, puis accompagne le geste d’un autre enfant qui n’ose pas se lancer dans le dessin intuitif. Celui-ci se sent rassuré lorsqu’il comprend qu’il peut faire plusieurs essais avant de choisir le chat qu’il va garder.

Différenciation pour la dyspraxie

Un élève dyspraxique demande s’il peut dépasser les traits du chat avec les Neocolor® et s’enthousiasme de la réponse positive. Comment vit-il cette activité? Il raconte que «s’éloigner du réalisme favorise sa créativité», soulignant que l’enseignante leur avait d’abord présenté le fauvisme en les sensibilisant à la notion de contrasteConcernant le matériel à disposition, il dit notamment apprécier de n’avoir plus à utiliser des ciseaux standards avec lesquels il ne parvenait pas à bien découper. «En fonction de ce qu’on doit réaliser, je vais choisir le matériel le mieux adapté à moi pour au final avoir le même résultat que les autres», explique-t-il avec assurance.

L’enseignante instaure le cercle du chuchotement avant de donner les indications pour poursuivre la réalisation du sac portefeuille, avec une démonstration à l’appui. Certains élèves vont vers l’une des quatre machines à coudre pour effectuer un ourlet, tandis que les autres poursuivent leur dessin dans une organisation libre. Peaufinant son travail, un élève finit par découper sa feuille à la main pour avoir un effet plus original. L’heure de la récréation a sonné et les élèves poursuivront les deux activités dès le retour en classe. Prochainement, la classe ira découvrir l’exposition Les années fauves à la Fondation Gianadda afin de compléter la démarche.

Pour Anne-Laure Despont, «toute la réflexion menée dans le cadre du groupe de travail a été de rendre les élèves capables de se débrouiller pour laisser place à leur créativité et valoriser leur travail, sans le faire à leur place et sans différencier ni le programme ni l’évaluation». Et elle complète: «Trouver des solutions aux problèmes rencontrés, c’est l’esprit même des AC&M et c’est pourquoi il n’est pas indispensable que tous les élèves utilisent des ciseaux à œillets, sachant qu’il existe d’autres outils plus ergonomiques pour découper.»

«Trouver des solutions aux problèmes rencontrés, c’est l’esprit même des AC&M.»
Anne-Laure Despont 

«En fonction de ce qu’on doit réaliser, je vais choisir le matériel le mieux adapté à moi.»
Un élève

Le document rédigé par le groupe est avant tout visuel, avec juste les éléments théoriques nécessaires dans un «style quasi télégraphique». En se référant à la fiche pour la dyspraxie, on découvre les points forts de ces élèves en cours d’AC&M et d’AV, des pistes pour mieux les accompagner dans leur fonctionnement cognitif et les aider à dépasser leurs difficultés motrices. Isabelle Bétrisey qui a relu les fiches pour valider leur contenu et y apporter quelques suggestions, a été emballée par cette déclinaison spécifique à cette branche. «Le travail qui a été mené est très riche et particulièrement important dans un domaine se ressentant souvent comme le parent pauvre de la différenciation», confie-t-elle. Pour Danielle Salamin Muller, «la force de ce document, c’est d’être utile et de répondre à un réel besoin du terrain», Quant à Frédéric Vauthier, animateur AC&M au cycle 3, après avoir découvert cette belle initiative, souhaiterait que la démarche s’inscrive dans la verticalité. «Ce projet est vraiment chouette pour notre branche et je trouverais bien de pouvoir profiter du fruit de leur travail au CO, dans le but de mieux répondre aux besoins différenciés de nos élèves», s’enthousiasme-t-il. Vous pouvez accéder au document avec les ressources pour la différenciation et les indications pour créer votre chariot de matériel de compensation sur le SharePoint HEP-VS.

Nadia Revaz

 


ACM equipe differenciation2

Propos de l’équipe lors de la clôture du projet

Emmanuelle Beytrison: «C’est un outil simple, efficace, pratique et très visuel pour accompagner au mieux chaque élève.»

Adeline Roduit: «Ce que je trouve bien, c’est que les suggestions du document peuvent concerner tous les élèves, sans stigmatiser ceux qui ont des difficultés.»

Josianne Robert Rappaz: «Dans ma classe flexible, les élèves différencient par eux-mêmes en allant chercher ce dont ils ont besoin et en testant et ils utilisent ce matériel pas seulement en AC&M. »

Shannon Saad: «J’étais motivée à m’impliquer dans ce groupe, car c’était pour développer du matériel pratique, et le résultat de notre travail est concret, car ce n’est pas du blabla.»

Anne-Laure Despont: «Défendre ce projet, c’est inscrire les AC&M dans la flèche du PER, car notre branche fait partie d’un ensemble.»

Mathilde Freymond: «Le document a été réfléchi aussi bien pour les titulaires que pour les spécialistes, afin que chacun trouve rapidement une réponse pour pouvoir différencier en AC&M.»


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