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Catherine Gonçalves et Blaise De Vico: deux parcours dans la coiffure

Dans un article paru dans Résonances en février 2015, Catherine Gonçalves Roque, alors en 1re année d’apprentissage au salon de Coiffure Rive Gauche à Sion, parlait de son choix professionnel et de ses rêves pour le futur. Retour sur ses traces ainsi que sur celles de Blaise De Vico, afin de croiser les points de vue sur le parcours de l’apprentie devenue l’une des employées et d’évoquer un pan de l’univers de la coiffure.

 Après son CFC de coiffeuse et un prix d’application, Catherine Gonçalves a suivi des formations certifiantes de balayage et de coloriste chez L’Oréal à Genève. «J’ai été contactée par la marque et j’ai travaillé pendant quelque temps comme freelance, ce qui m’a permis de constater que je préférais mon travail au salon, néanmoins cela reste une expérience enrichissante et un honneur», explique la jeune coiffeuse. Elle a ensuite effectué une formation de styliste/prothésiste en onglerie à l’Ecole de l’ongle à Saint-Léonard, comme elle l’envisageait. Pour le moment toutefois, même si elle a la possibilité de proposer ce service dans les locaux de Rive Gauche, elle ne souhaite pas travailler dans ce domaine parallèlement à la coiffure. Quant à Blaise De Vico, responsable du salon, chef expert, avec déjà des casquettes dans la formation des adultes, quelques mois après l’interview de son apprentie il devenait maître professionnel à temps partiel à EPCA (Ecole de formation professionnelle commerciale et artisanale) de Sion.

Catherine Goncalves Blaise De VIco1

Catherine Gonçalves et Blaise De Vico

En 2015, parmi les critères associés à son engagement comme apprentie, Catherine Gonçalves se souvenait du commentaire de son patron Blaise De Vico lui ayant dit que ce métier était fait pour elle. Comme elle l’expliquait alors, cette remarque l’avait d’autant plus motivée qu’elle connaissait son rôle de chef expert au niveau cantonal. Son enthousiasme professionnel s’est confirmé, avec des évolutions. «Tout me paraît plus facile aujourd’hui, car en 1re année d’apprentissage je ne savais pas que ma passion du métier irait grandissante et que je serais autant épanouie dans mon travail ainsi qu’au sein de l’équipe.»

A Rive Gauche, la coiffure est affaire de transmission et de passion. Marco Nanchen, aujourd’hui à la retraite, a partagé son savoir et ses compétences avec Blaise De Vico qui les a transmis et les transmet encore à Catherine Gonçalves. Une belle histoire qui se poursuit, puisque la chaîne gagne des maillons supplémentaires. A son tour, Catherine Gonçalves diffuse son énergie et sa bienveillance auprès de jeunes se formant au salon pour obtenir un CFC ou une AFP, la profession s’étant ouverte à cette voie de formation sur 2 ans et non 3, permettant ensuite le raccordement en 2e année du certificat fédéral de capacité sous certaines conditions. Afin de pouvoir signer les contrats des apprentis, Catherine Gonçalves suivra prochainement le Module didactique Coiffure organisé par le Bureau des métiers, et envisage aussi d’autres perfectionnements, avec en ligne de mire l’envie de devenir experte aux examens. Pour ce qui est de l’attestation fédérale de formation professionnelle, Blaise De Vico est fier d’avoir vu éclore cette possibilité: «Ce nouveau chemin réserve de très belles surprises, et la plupart des jeunes issus de cette filière qui poursuivent avec un CFC réussissent brillamment, mais évidemment certains n’iront pas au-delà de ce papier qui ouvre directement certaines portes professionnelles.» Pour Catherine Gonçalves, «l’AFP est une opportunité pour les jeunes qui se sentent en difficulté à l’école, car ils peuvent ainsi s’épanouir en apprentissage, avec seulement un peu plus d’aide.» A ses yeux, on devrait parler davantage des possibilités de ce parcours. Et les voilà en train de raconter et de vanter la niaque des apprentis en AFP.

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«En entreprise, les apprentis doivent faire preuve d’initiative et avoir de la curiosité pour apprendre.»
Blaise De Vico

 

Ainsi que le souligne Blaise De Vico, si les jeunes peinent à trouver où se former dans la coiffure, c’est souvent parce que les salons n’offrent pas de places d’apprentissage, alors qu’ils en auraient la possibilité. Selon lui, la force du système dual est certainement en tension pour cette raison, le monde économique évoluant plus vite que celui de la formation, dans la coiffure comme dans d’autres domaines. Concernant les jeunes qui souhaiteraient se destiner à ce métier, il leur faut avant tout «aimer discuter avec les gens et vouloir les comprendre», donc être un minimum à l’aise dans leur relation aux autres, même si la confiance se gagne au fil des ans, avec les évaluations de la clientèle. «Au début, j’ai dû apprendre à me tenir pico bello et à veiller à ma manière de parler, car en apprentissage il y a des exigences professionnelles associées à l’entrée dans le monde des adultes à intégrer, d’autant plus qu’à l’école obligatoire on est trop materné», souligne la jeune employée. «En entreprise, les apprentis doivent faire preuve d’initiative et avoir de la curiosité pour apprendre, ce qui était dans l’ADN de Catherine», relève Blaise De Vico. Alors que Catherine Gonçalves en 1re année d’apprentissage associait plutôt le métier à la créativité et à la technique, et même si ces dimensions sont importantes, avec son patron, ils insistent sur le même point, à savoir que c’est le contact humain qui prime. «C’est un métier formidable, qui correspond à mon besoin de voir et de toucher, et où j’apprends chaque jour quelque chose de nouveau, mais j’ai désormais un regard de coiffeuse sur le métier, alors qu’à l’époque c’était celui d’une apprentie qui était peut-être trop influencée par la mode et qui percevait encore mal la variété au quotidien et l’importance de la dimension relationnelle», analyse la professionnelle. Et elle poursuit: «Ce qui me plaît, c’est de valoriser les gens pour qu’ils aient le sourire en sortant du salon, donc cela implique de savoir s’adapter à chaque personnalité.» Tous deux concèdent qu’il est naturellement nécessaire d’avoir un peu de talent pour manier les ciseaux et les pinceaux, ajoutant que c’est comme dans la cuisine où il y a quelques grands chefs étoilés et beaucoup de très bons professionnels, dès lors c’est à chacun de trouver la voie qui lui correspond. Du côté des points à prendre en considération, il y a la réalité de longues journées en station debout, néanmoins selon la jeune employée les inconvénients sont minimes et existent dans toutes les professions.

 

Catherine Goncalves portrait

  «En 1re année d’apprentissage je ne savais pas que ma passion du métier irait grandissante.»
Catherine Gonçalves

Si en 2015 Catherine Gonçalves disait qu’elle avait choisi ce métier même s’il était mal perçu dans la société, avec la pandémie sa dimension essentielle a été mise en avant. «La coiffure a gagné en visibilité et cela se voit encore plus avec les réseaux sociaux», commente-t-elle. «Si les gens nous appréciaient déjà avant, cette période a surtout permis aux professionnels de la coiffure de changer de regard sur leur propre métier, découvrant leur potentiel au service des autres», complète Blaise De Vico qui plaide depuis longtemps pour cette revalorisation de l’image à l’interne.

 Propos recueillis par Nadia Revaz


Pour en savoir plus


Emission On en parle sur la RTS, à propos des branches, dont la coiffure, qui manquent d’apprentis en Suisse

Association Coiffure Suisse

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